10/10/2010

(Elles la croient romantique, pure, chaste, vierge, innocente, délicate, enfantine. Elles croient qu'elle n'a jamais traversé l'adolescence et que sodomie fellation porno sont inconnus d'elle. Elles la croient choquée par le moindre baiser qui irait de travers. Elles s'imaginent qu'elle a tout inventé et que leurs goûts sont identiques aux siens, ou plutôt l'inverse. Elles recréent une marionnette, lui dessinent des contours, la dressent mielleuse et niaise, acceptant tout, sans cervelle, sans désir, sans défaut, sans humanité, étalent tout d'elle, lui interdisent presque de s'en mêler, savent d'ailleurs qu'elles n'ont rien à craindre.
Elle de loin elle sait mais ne dit plus rien. Elle est épuisée. Et bientôt elle sombrera parce qu'il aura été trop tard, parce que cercle si vicieux que toile d'araignée perturbée, et son corps deviendra plombé dans l'espace-temps, tout oubliera ce qu'elle aura été, gentille et douce, aimante et tendre, emportée parfois vers le sombre et les quais malfamés, mais aimante, simplement aimante, un peu trop aimante mais. Qu'on aura. Oublié de protéger. Et un matin les journaux et plus que nos yeux pour pleurer. Celui qui regarde ça de l'extérieur s'étonne de l'âpreté du monde, son indicible cruauté, à laisser le mal du siècle s'infiltrer en elle. Celui qui regarde ça détourne alors le regard, se noie. Refuse de voir. C'est peut-être ce que nous devrions tous faire. Goût amer de la rédemption.)