28/07/2011

Je n'ai jamais été une petite fille.

Une espèce de développement un peu à côté, on va dire inspiré par, ou presque, enfin autour de Clémence Veilhan, après avoir visionné sa série.

A. : "Tu fais partie des trois personnes sur terre qui peuvent se permettre de dire quelque chose."
T. : "Pourtant personne devrait pourvoir se permettre. Aie donc un peu d'amour-propre."




Il ne faut pas trop s'en faire. Pour sa vie. Il ne faudrait jamais la comparer avec la vie des autres. Pourtant c'est ce que nous faisons tous, toutes. Parce que nous avons une putain de morale implantée dans le cerveau, dans la zone grise des émotions. Une putain de morale qui ose nous dire que nous ne valons rien, que nous ne sommes que des plaquettes de globules de pluie crade qui ne servent à rien sinon à encore plus empoisonner le monde avec de l'acide. Nous sommes coupables et victimes de nous laisser faire par cette putain de morale, nous refusons l'amour-propre sous prétexte que c'est mal. Mais dites-moi donc ce qu'est le mal. Dites-moi donc au nom de quoi nous continuons à nous écraser encore et encore. Dites-moi donc pourquoi nous baissons les yeux face à la critique de celui d'en face alors que celui-là n'est même pas foutu de constater que sa vie à lui aussi est moche, parce que lui aussi, il fait la comparaison, mais dans le mauvais sens, il est persuadé qu'il est meilleur que tout le monde. Pourquoi on se compare toujours à tout le monde. Pourquoi toujours ce goût de la compétition. C'est encore plus vrai pour les filles. Parce que les filles aiment bien le stigmate de la culpabilité. Parce que les filles elles doivent composer avec un monde qui a appris que c'était de la faute de la femme si tout allait mal, tout ça parce qu'elle a été trop curieuse. Femme ferme ta gueule, tu vaux tellement mieux comme ça. Ne te mets pas trop en valeur, car tu seras toujours moche, tu le sais, mais malgré ça prépare-toi à te dire que si tu te fais pas sauter avant vingt-cinq ans c'est qu'il y a un problème. J'ai envie de dire et alors. Mais qu'on arrête d'écouter cette voix, qu'on arrête de pleurnicher sur soi, qu'on se redresse et qu'on gomme la morale. Par-delà le bien et le mal. Même pas vouloir tout détruire, juste hausser les épaules. Laisser les autres continuer de cancaner. Et penser enfin qu'on vaut quelque chose.

04/07/2011

Voilà l'Infini // Lettre à l'Aimé // Aliocha 8 février 1937.

Il est temps de faire le ménage. Je me suis laissée emporter. Par la vie qui n'a pas été si adorable que ça. Je me suis montrée faible, je continue de l'être, je refuse de lâcher prise. Il faut se résoudre. Ça n'arrivera jamais. Je me suis dit ça il y a quelques mois et c'est parti tout seul. Non, pourtant je ne souffre pas autant, peut-être parce que ça me comble plus que d'ordinaire. J'ai fait une promesse et je me rends compte que je suis incapable de la tenir. Pourtant je relis la Bible encore, ce livre d'amour-là, quelques mots parmi les Évangiles et rien à faire, je comprends tant, je ne souhaite que le bonheur, je ne souhaite que ton bonheur, parce que j'ai tout compris, mais je n'en peux simplement plus. Je suis désolée. À d'autres amours & d'autres raisons, d'autres tournesols à fleurir, d'autres mois de mai. Ma voix s'étiole, mes larmes meurent, je détourne le regard, bien sûr que tout va très bien, pas de quoi s'inquiéter, bien sûr que tout va très bien, pourquoi je dirais le contraire, c'est vrai, tu es en vie et seul ce qui importe parmi toutes ces catastrophes et ces nuées et je ne cherche désormais plus à aller de l'avant, chaque moment meurt et nous ne progressons jamais que sur un fil de rasoir, tout qui peut s'arrêter et repartir sans que nous en soyons affectés, c'est comme des voyages dans le temps, il n'y a plus de quoi s'affoler, désormais je détournerai le regard et je t'assurerai que tout va très bien à défaut de pouvoir dire ce qu'il faudrait pouvoir dire et qu'il ne faut pas dire, jamais. Je te serre dans mes bras et détourne le regard, quelques larmes à perler, encore, rien de plus à demander, finir, se retourner, s'en aller et refermer la porte, doucement, cette parenthèse de quelques mois, quelques semaines, quelques instants.
Il est temps de faire le ménage. Il est temps de rembourser nos dettes. Il est temps de trouver une maison, une vraie maison. Il est temps de consolider son cœur de nouveau, de sourire après coup pour ne plus se laisser prendre au jeu. 
Prends soin de toi, Amour. Prends juste soin de toi.

Scission

Réflexions sur le queer, ici