10/05/2011

L'inconnu.

Il pleut un ciel si bas que le mieux serait encore de se mettre à l'amnésie, de t'oublier dans un coin et de voguer de nouveau pour moi-même. Pourtant l'idée de te savoir en vie m'est devenue si précieuse qu'un écran désormais improbable se hausse désormais entre la vie et le néant, permettant à l'existence d'atteindre son summum et de devenir ce qu'elle n'a jamais été auparavant, une course impromptue jouissant du moindre espace. Tu n'es apparu dans ma vie qu'une fois l'an mil écoulé, jusqu'à perturber l'épiphénomène d'autodestruction qui alors m'habitait. Je n'ai de cesse de pleurer, je me bouleverse d'un tout et d'un rien, une musique qui bat son plein, les cadenas des amoureux parfois brisés, parfois obsolètes. Je vogue et j'erre et rien n'est plus palpable à présent, rien de plus que ton regard où brille encore une lumière morte, où ce que tu contemples n'existe plus. Or la souffrance qui t'habite m'habite aujourd'hui désormais, à point de non-retour le chant des derniers vivants avant la résurrection, l'apocalypse qui est tienne à tel point qu'un air de piano sur le rebord d'une vague ne parvient même plus à te décrire. Ta présence me chiffonne et m'apaise et me torture et me dénoue, la gorge serrée je me mets à courir de nouveau, toi dans ma tête, toi un mort qui n'as pourtant pas pu mourir tout à fait, et si je suis en vie aujourd'hui c'est grâce à ta voix, grâce à toi, au point de redevenir moi-même ou de le devenir, enfin, danse perpétuelle dans des flots d'amertume et de jouissance, hybridation totale, un battement sourd et obscur qui habite désormais mes entrailles, foi si profonde et enfouie qu'on en pleurerait presque les anges de n'avoir pas de sexe. Tu es pourtant l'ange qui grésilla mes brèves nuits blanches, un pied fané sur l'étole de nos pensées. Éduquer ma sagesse, comprendre la tienne, tisser nos nuits et nos jours de silence. Désormais je me tiendrai à l'écart de tes perceptions, je n'habiterai plus ces songes qui sont parfois tiens,je serai seule la lumière invisible de tes débuts de matin, je remplacerai le corps qui te manque et dans le creux de tes mains je prendrai forme, enfin.